Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/213

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sien. Au bout de deux jours, le voyageur Azaël, qui n’avait rien rencontré d’extraordinaire, revint à la cabane. Il trouva le pêcheur assis devant sa porte, la tête appuyée dans sa main, et les yeux fixés contre terre. À quoi pensez-vous ? lui demanda Azaël. Je pense que je suis fort malheureux, répondit le pêcheur. Qu’est-ce que j’ai fait à Dieu pour m’avoir rendu si pauvre pendant qu’il y a une si grande quantité d’hommes si riches et si contens ? Dans le moment, cet homme qui avait commandé à Azaël de marcher pendant deux jours, et qui était un ange, parut. Pourquoi n’as-tu pas suivi les conseils d’Azaël ? dit-il au pêcheur. La vue des magnificences de la ville a fait naître chez toi l’avarice et l’ambition ; elles en ont chassé la joie et la paix. Modère tes désirs, et tu retrouveras ces précieux avantages. Cela vous est bien aisé à dire, reprit le pêcheur ; mais cela ne m’est pas possible, et je sens que je serai toujours malheureux, à moins qu’il ne plaise à