se concilient dans une exaltation supérieure, dans un amour passionné de la vie, même hurlante et sanglante, pourvu qu’elle frissonne, — et l’aventure moderne, dégagée de ses mesquineries, magnifiée, s’épanouit jusqu’à l’épopée.
Le poète des Forces tumultueuses célèbre la Science,
l’Art, la fièvre de créer, la fièvre aussi de détruire et de
substituer
aux vestiges morts du passé les rêves neufs.
Il y a des chimères, il y a des contradictions, il y a des
laideurs et des vulgarités dans ces tentatives forcenées
des hommes d’aujourd’hui pour se construire leur idéal.
Qu’importe ? L’effort est immense, et une magnifique
beauté lui vient du prodigieux déploiement d’énergies
qu’il a suscité. Une force inouïe est au travail et la besogne qu’elle accomplit, confuse en apparence, a la sereine majesté des grandes révolutions cosmiques. Toute
force au travail peut être envisagée différemment suivant
qu’on s’associe à son activité créatrice ou qu’on observe,
du dehors, l’inévitable destruction qu’elle cause aussi.
Le poète des Forces tumultueuses s’est enivré de ce mouvement,
de cette exaltation suprême de la vie.
Il s’est senti gagné par cette universelle ardeur ; il en a
tiré de la joie et de l’espérance.
L’œuvre d’Émile Verhaeren, sans cesse renouvelée, alterne ainsi de la détresse à la confiance, mais à chaque étape elle apparaît plus large, plus libre dans son envergure, plus prête toujours à d’autres envolées.
Ce poète est soucieux seulement des idées, des émotions et des images que lui suggèrent ses rêveries ; et