VI
LA MAGIE BLANCHE.
Ces cinq personnages entourèrent bientôt le comte avec des démonstrations d’amitié qui amenèrent un sourire contraint sur ses lèvres.
— Eh ! bonjour, s’écria l’un, bonjour, mon cher comte, souffrez que je vous félicite des pas que vous faites dans l’esprit du roi ! Mon Dieu ! disait-il récemment à Montausier, c’est bien à mon corps défendant que je l’avais exilé, qu’il vienne donc me voir, après la lettre écrite par lui à madame de Montespan ! — Cette lettre vous l’avez écrite, n’est-il pas vrai ?
— Que voulez-vous dire, mon cher d’Humières, répondit Lauzun à ce premier interlocuteur, avec cette lettre ? Madame de Montespan aura menti, c’est son péché d’habitude. Monsieur le maréchal, je n’ai point pour habitude de plier, ajouta le comte avec hauteur.
— On en parle pourtant, reprit le prince de Monaco, de sa voix la plus caverneuse, on en distribue même des copies, monsieur le comte, et tenez, j’en ai, je crois, une dans ma poche.
— Donnez vite, monsieur le prince, dit Riom en avançant la main ; cette pasquinade réjouira mon oncle et le mettra en belle humeur pour le déjeuner.
— Vous croyez ? dit Monaco ; en ce cas, voici le papier. Il me fut donné hier par ma femme, qui s’applaudissait comme moi de voir le comte de Lauzun remis en cour. Elle croyait à cette lettre.
— Arrêtez, reprit Roquelaure en feignant le zèle, arrêtez, Riom ; il faut que j’aille tout d’abord distribuer des coups de canne à l’auteur de cette lettre apocryphe, avant que vous ne la lisiez.