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Page:Beauvoir - Les mystères de l’île Saint-Louis, tome2.djvu/75

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LES MYSTÈRES DE L’ILE SAINT-LOUIS

— À la bonne heure, au moins, car nous voici tous deux plus blessés que ce brave marquis auquel, grâce à Lauzun, nous donnons si peu d’attention et qui nous fait signe de remonter dans son carrosse.

Et tous deux serrant précipitamment entre leurs doigts les papiers que leur avait remis le comte, allaient rejoindre le marquis, quand un objet de couleur sombre, demeuré à terre près de la place où Lauzun avait jeté son habit, vint frapper les regards de Roquelaure.

— C’était le carnet de M. de Lauzun tombé dans l’herbe touffue.

— Vivat ! s’écria Roquelaure après avoir fouillé précipitamment les poches du carnet, nous aurons notre revanche.

Barailles était loin, et il ne put voir le sourire ou plutôt la grimace de joie qui éclaira la physionomie de Roquelaure. M. de Monaco et le duc remontèrent dans le carrosse du marquis.


X

LES PLUMES DU PAON.


Deux jours après, Barailles, accompagné du maître d’hôtel de Lauzun, préparait, dans l’un des petits boudoirs du comte, une collation appétissante. Le vin d’Espagne et le vin des Canaries reposaient dans de larges seaux d’argent ; les pièces froides abondaient, et cependant il n’y avait que deux couverts.

Qui donc M. de Lauzun attend-il ? pensa le digne officier. Ce ne peut être Mademoiselle, car elle est malade au Luxembourg. Son neveu Riom ? il est à cette heure-ci en Touraine… Madame d’Alluye ? son mari la tient en cage. Obéissons toujours et dépêchons ; aussi bien, il est midi…

En vertu de cette heure assez raisonnable, Barailles pé-