Page:Beccaria - Traité des délits et des peines, trad Morellet, 1766.djvu/89

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§. XVI. De la peine de mort.

CETTE profusion inutile de supplices, qui n’a jamais rendu les hommes meilleurs, m’a poussé à examiner si la peine de mort est véritablement utile & juste dans un Gouvernement bien organisé. Quel peut être ce droit que les hommes se donnent, d’égorger leur semblable ? Ce n’est certainement pas celui sur lequel sont fondées la Souveraineté & les Lois. Les Lois ne sont que la somme des portions de liberté de chaque particulier, les plus petites que chacun ait pu céder. Elles représentent la volonté générale qui est l’assemblage de toutes les volontés particulières. Or qui jamais a voulu donner aux autres hommes le droit de lui ôter la vie ? Comment dans les plus petits sacrifices de la liberté de chacun, peut se trouver compris celui de la vie, le plus grand de tous les biens ? Et si cela était, comment concilier ce