Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’intelligence ; et les docteurs de la loi furent scandalisés de cette idolâtrie, ainsi que les visirs et les grands rassemblés pour jouir des derniers regards de leur souverain. Enfin, les clairons et les trompettes donnèrent, du sommet de la tour, le signal du départ. Quoique parfaitement d’accord, on crut pourtant y remarquer quelques dissonances ; c’était Carathis qui chantait des hymnes au Giaour, et dont les négresses et les muets faisaient la basse continue. Les bons Musulmans, croyant entendre le bourdonnement de ces insectes nocturnes qui sont de mauvais présage, supplièrent Vathek d’avoir soin de sa personne sacrée.

On arbore le grand étendard du Califat ; vingt mille lances brillent à sa suite ; et le Calife, foulant majestueusement aux pieds les tissus d’or étendus sur son passage, monte en litière aux acclamations de ses sujets. Alors, la marche s’ouvrit dans le plus bel ordre, et avec un si grand silence, qu’on entendait chanter les cigales dans les buissons de la plaine de Catoul. On fit six