Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/153

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dant mollement les bras, comme pour embrasser l’eau parfumée, et se refaire de leurs fatigues. Les regards langoureux et tendres, les mots à l’oreille, les sourires enchanteurs qui accompagnaient les petites confidences, la douce odeur des roses, tout inspirait une volupté, contre laquelle Bababalouk lui-même avait de la peine à se défendre.

Il garda pourtant un grand sérieux, et commanda d’un ton magistral de faire sortir ces belles de l’eau et de les peigner d’importance. Tandis qu’il donnait ces ordres, la jeune Nouronihar, fille de l’Émir, gentille comme une gazelle, et pleine d’espièglerie, fit signe à une de ses esclaves de descendre tout doucement la grande escarpolette qui était attachée au plancher avec des cordons de soie. Pendant qu’on faisait cette manœuvre, elle parla des doigts aux femmes qui étaient dans le bain, et qui, bien fâchées d’être obligées de sortir de ce séjour de mollesse, emmêlèrent leurs cheveux pour donner de l’occupation à Bababalouk, et lui faisaient mille autres niches.