Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/169

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beaux nuages du couchant les dômes de Shaddukian et d’Ambreabad où les Péris font leur demeure. Nouronihar s’était assise sur le penchant de la colline, et tenait la tête parfumée de Gulchenrouz sur ses genoux. Mais l’arrivée imprévue du Calife, et l’éclat qui l’environnait avaient déjà troublé son âme ardente. Entraînée par sa vanité, elle n’avait pu s’empêcher de se faire remarquer de ce prince. Elle avait bien vu qu’il ramassait les jasmins qu’elle lui avait jetés, et son amour-propre en était flatté. Aussi, fut-elle toute troublée, lorsque Gulchenrouz s’avisa de lui demander ce qu’était devenu le bouquet qu’il lui avait cueilli. Pour toute réponse, elle le baisa au front et, s’étant levée à la hâte, elle se promena à grands pas dans une agitation et

une inquiétude qu’on ne saurait décrire. Cependant la nuit avançait : l’or pur du soleil couchant avait fait place à un rouge sanguin : des couleurs comme celles d’une fournaise ardente donnaient sur les joues enflammées de Nouronihar. Le pauvre petit