Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/207

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La sultane Dilara, qui jusqu’alors avait été la favorite, prenait cette négligence à cœur avec une énergie qui était dans son caractère. Dans le cours de sa faveur, elle avait été imbue des idées extravagantes de Vathek, et brûlait de voir les tombeaux d’Istakhar et le palais des quarante colonnes : élevée d’ailleurs parmi les mages, elle se réjouissait de voir le Calife prêt à s’adonner au culte du feu : ainsi la vie voluptueuse et fainéante qu’il menait avec sa rivale l’affligeait doublement. La piété passagère de Vathek lui avait donné de vives alarmes ; ceci était pis encore. Elle prit donc le parti d’écrire à la princesse Carathis, pour lui apprendre que tout allait mal, qu’on avait manqué net aux conditions du parchemin, qu’on avait mangé, couché et fait vacarme chez un vieil Émir, dont la sainteté était fort redoutable, et qu’enfin il n’y avait plus d’apparence qu’on eût jamais les trésors des sultans préadamites. Cette lettre fut confiée à deux bûcherons, qui coupaient