Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/245

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encore un peu de celle d’un ange de lumière. Dans sa main délicate, mais noircie par la foudre, il tenait le sceptre d’airain qui fait trembler le monstre Ouranbad, les Afrites, et toutes les puissances de l’abîme.

À cette vue, le Calife perdit toute contenance, et se prosterna la face contre terre. Nouronihar, quoique éperdue, ne pouvait s’empêcher d’admirer la forme d’Eblis, car elle s’était attendue à voir quelque géant effroyable. Eblis, d’une voix plus douce qu’on aurait pu la supposer, mais qui portait la noire mélancolie dans l’âme, leur dit : Créatures d’argile, je vous reçois dans mon empire ; vous êtes du nombre de mes adorateurs ; jouissez de tout ce que ce palais offre à votre vue, des trésors des sultans préadamites, de leurs sabres foudroyants et des talismans qui forceront les Dives à vous ouvrir les souterrains de la montagne de Caf, qui communiquent à ceux-ci. Là, vous trouverez de quoi contenter votre curiosité insatiable. Il ne tiendra qu’à vous de pénétrer dans la forteresse