Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/250

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assoupie, lorsque la foudre brisa mes édifices et me précipita dans ce lieu. Je n’y suis cependant pas, comme tous ceux qui l’habitent, entièrement dépourvu d’espérance. Un ange de lumière m’a fait savoir qu’en considération de la piété de mes jeunes ans mes tourments finiront lorsque cette cataracte, je compte les gouttes, cessera de couler : mais, hélas ! quand arrivera ce temps si désiré ? Je souffre, je souffre, un feu impitoyable dévore mon cœur.

En disant ces mots, Suleïman éleva ses deux mains vers le ciel en signe de supplication, et le Calife vit que son sein était d’un cristal transparent, au travers duquel on découvrait son cœur brûlant dans les flammes. À cette terrible vue, Nouronihar tomba comme pétrifiée dans les bras de Vathek : Giaour ! s’écria ce malheureux prince, dans quel lieu nous as-tu conduits ? Laisse-nous en sortir ; je te tiens quitte de toutes ces promesses. Ô Mahomet ! n’y a-t-il plus de miséricorde pour nous ? — Non, il n’y en a plus, répondit le malfaisant Dive ;