Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
CONTE ARABE.

& on s’en retourna aux feuilles sèches. Nouronihar & son petit cousin furent bien aises de trouver que les morts couchoient dans la même cabane. Comme ils avoient assez dormi, ils s’entretinrent le reste de la nuit de ce qui s’étoit passé, & cela toujours en s’embrassant de peur des esprits.

Le lendemain au matin, qui fut bien sombre & pluvieux, les nains montèrent sur de longues perches plantées en guise de minarets, & appellèrent à la prière. Toute la congrégation s’assembla ; Sutlemémé, Shaban, les quatre eunuques, quelques cigognes qui s’ennuyoient de la pêche, & les deux enfans. Ceux-ci s’étoient traînés languissamment hors de leur cabane, & comme leurs esprits étoient montés sur un ton mélancolique & tendre, ils firent leurs dévotions avec ferveur. Après cela, Gulchenrouz demanda à Sutlemémé & aux autres, comme ils avoient fait de mourir si à propos, pour eux. Nous nous sommes tués de désespoir de votre mort, répondit Sutlemémé. Nouronihar, qui malgré tout ce qui s’étoit passe, n’avoit pas oublié sa vision, s’écria, & le Calife ! Seroit-il mort de douleur ? Viendra-t-il ici ? Les nains avoient le mot, & répondirent gravement : Vathek est damné sans