Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/137

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
CONTE ARABE

Dans son premier mouvement de fureur, Vathek avoit eu envie d’éventrer Alboufaki, & de le farcir des négresses, & même de Carathis ; mais les idées du Giaour, du palais d’Istakhar, des sabres & des talismans, frappèrent son esprit avec la rapidité d’un éclair. Il dit donc à sa mère d’un ton civil, quoique résolu ; redoutable dame, vous serez obéie ; mais je ne noyerai pas Nouronihar. Elle est plus douce que le mirabolan confit ; elle aime beaucoup les escarboucles, & sur-tout celle de Giamchid qu’on lui a promise ; elle viendra avec nous, car je prétends qu’elle couche sur les canapés de Suleïman ; je ne puis plus dormir sans elle. À la bonne heure, répondit Carathis, en descendant d’Alboufaki, qu’elle remit entre les mains des négresses.

Nouronihar, qui n’avoit pas lâché prise, se rassura un peu, & dit tendrement au Calife ; cher souverain de mon cœur, je vous suivrai, s’il le faut, jusqu’au-delà de Caf dans le pays des Afrites, je ne craindrai pas de grimper pour vous au nid de la Simorgue, qui, après Madame, est l’être le plus respectable qui ait été crée. Voilà, dit Carathis, une jeune fille qui a du courage & des connoissances. Nouronihar en avoit assurément, mais malgré toute sa fermeté, elle ne