Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
VATHEK,

tels assaillans. En parlant ainsi, Carathis courut à son fils, qui banquetoit tranquillement avec Nouronihar dans son beau pavillon incarnat. Goulu, que tu es, lui dit-elle ; sans ma vigilance, tu ne serois bientôt que le Commandeur des tourtes ; tes Croyans ont renié la foi qu’ils t’avoient jurée ; Motavekel, ton frère, règne dans ce moment sur la colline des chevaux pies ; & si je n’avois pas quelques petites ressources dans notre tour, il ne lâcheroit prise de si-tôt. Mais afin de ne pas perdre du tems, je ne te dirai que quatre mots ; plie tes tentes, pars ce soir même, & ne t’arrête nulle part à baliverner. Quoique tu aies manqué aux conditions du parchemin, il me reste encore quelques espérances ; car, il faut avouer que tu as fort joliment violé les loix de l’hospitalité, en séduisant la fille de l’Emir, après avoir mangé de son sel & de son pain. Ces sortes de manières ne peuvent que plaire au Giaour ; & si tu fais en route encore quelque petit crime, tout ira bien, & tu entreras en triomphe dans le palais de Suleïman. Adieu ! Alboufaki & mes négresses m’attendent à la porte.

Le Calife n’eut pas le mot à répondre à tout cela ; il souhaita un bon voyage à sa mère, & finit son souper. À minuit, il décampa au bruit des