Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/16

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dorer lui-même, lorsqu’en levant les yeux il s’apperçut que les astres étoient aussi éloignés de lui, qu’au niveau de la terre. Il se consola cependant du sentiment involontaire de sa petitesse, par l’idée de paroître grand aux yeux des autres, d’ailleurs il se flatta que les lumières de son esprit surpasseroient la portée de ses yeux, & qu’il feroit rendre compte aux étoiles des arrêts de sa destinée.

Pour cet effet, il passoit la plupart des nuits sur le sommet de sa tour, & se croyant initié dans les mystères astrologiques, il s’imagina que les planètes lui annonçoient de merveilleuses aventures. Un homme extraordinaire devoit venir d’un pays dont on n’avoit jamais entendu parler, & en être le héraut. Alors, il redoubla d’attention pour les étrangers, & fit publier à son de trompe dans les rues de Samarah, qu’aucun de ses sujets n’eût à retenir ni à loger les voyageurs ; il vouloit qu’on les amenât tous dans son palais.

Quelque tems après cette proclamation, parut un homme dont la figure étoit si effroyable, que les gardes qui s’en emparèrent furent obligés de fermer les yeux en le conduisant au palais. Le Calife lui-même parut étonné à son horrible aspect ; mais la joie succéda bientôt à cet effroi involon-