Page:Beckford - Vathek 1787 Paris.djvu/48

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à ses services. Je ne doute point qu’il ne faille faire un sacrifice aux génies souterreins, & c’est à quoi il nous faudra penser lorsque l’émeute sera appaisée ; je vais rétablir le calme, & je ne craindrai pas d’épuiser vos trésors, puisque nous en aurons bien d’autres. Cette princesse qui possédoit merveilleusement l’art de persuader, repassa par le souterrein, & s’étant rendue au palais, se montra au peuple par la fenêtre. Elle le harangua, tandis que Bababalouk jettoit de l’or à pleines mains. Ces deux moyens réussirent ; l’émeute fut appaisée : chacun retourna chez soi, & Carathis reprit le chemin de la tour.

On annonçoit la prière du point du jour12, lorsque Carathis & Vathek montèrent les innombrables degrés qui conduisent au sommet de la tour, & quoique la matinée fût triste & pluvieuse, ils y restèrent quelque tems. Cette sombre lueur plaisoit à leurs cœurs méchans. Quand ils virent que le soleil alloit percer les nuages, ils firent tendre un pavillon pour se mettre à l’abri de ses rayons. Le Calife, harassé de fatigue, ne songea d’abord qu’à se reposer, & dans l’espérance d’avoir des visions significatives, il se livra au sommeil. De son côté l’active Carathis, suivie d’une partie de ses muets, descendit pour pré-