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VATHEK,

momens après, nous fûmes tout couverts d’étincelles. Hors de nous-mêmes par ce spectacle effrayant, nous nous sommes agenouillés, nous avons ouvert le livre dicté par les bienheureuses Intelligences, & à la clarté des feux qui nous entouroient, nous avons lu le verset qui dit : On ne doit mettre sa confiance qu’en la miséricorde du Ciel ; il n’y a de ressource que dans le saint Prophète ; la montagne de Caf elle-même peut trembler, la puissance d’Allah est seule inébranlable. Après avoir prononcé ces paroles, un calme céleste s’est emparé de nos ames ; il s’est fait un profond silence, & nos oreilles ont distinctement ouï dans l’air une voix qui disoit : Serviteurs de mon Serviteur fidèle, mettez vos sandales, & descendez dans l’heureuse vallée qu’habite Fakreddin ; dites-lui qu’une occasion illustre se présente pour satisfaire la soif de son cœur hospitalier : c’est le Commandeur des vrais Croyans qui erre lui-même dans ces montagnes ; il faut le secourir. Joyeusement, nous avons obéi à l’angélique mission ; & notre maître plein d’un zèle pieux, a cueilli de ses propres mains ces melons, ces oranges, ces grenades ; il nous suit avec cent dromadaires chargés des eaux les plus limpides de ses fontaines ;