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VATHEK,

un sentier bordé d’arbustes fleuris, qui aboutissoit à un grand bois de palmier, dont les branches ombrageoient un vaste bâtiment de pierre de taille. Cet édifice étoit couronné de neuf dômes, & orné d’autant de portails de bronze, sur lesquels les mots suivans étoient gravés en émail. C’est ici l’asyle des pélerins, le refuge des voyageurs, & le dépôt des secrets de tous les pays du monde.

Neuf pages, beaux comme le jour, & décemment vêtus de longues robes de lin d’Egypte, se tenoient à chaque porte. Ils reçurent la procession d’un air ouvert & caressant. Quatre des plus aimables placèrent le Calife sur un tecthravan44 magnifique ; quatre autres un peu moins gracieux se chargèrent de Bababalouk, qui tressailloit de joie en voyant l’heureux gîte qu’il devoit avoir : le reste du train fut soigné par les autres pages.

Quand tout ce qui étoit mâle eut disparu, la porte d’une grande enceinte qu’on voyoit à droite, tourna sur ses gonds harmonieux, & il en sortit une jeune personne d’une taille légère, & dont la chevelure d’un blond cendré flottoit au gré des zéphirs du crépuscule. Une troupe de jeunes filles, semblables aux pléiades, la suivoit sur la pointe des pieds. Elles accoururent toutes aux pavillons où étoient les sultanes, & la jeune dame