Page:Becque - Le Frisson, 1884.djvu/16

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Ce troublant, l’avouerai-je, a réussi si vite
Qu’il devient assommant, on en est hébété ;
On l’entend au Palais, aux courses, en visite,
Sarcey même l’emploie avec autorité.


J’aime mieux décadent, qui baisse encor la tête,
Qu’on pousse avec regret ; qu’on pousse cependant ;
Décadent est charmant. À bientôt l’opérette
Où Baron s’écriera : « Je suis un décadent. »


Mais le grand mot, le mot qui fermente et qui gronde,
Le mot sans parallèle et sans comparaison,
Le mot mystérieux qui contient tout un monde,
Le mot sacré, le mot unique, c’est : Frisson.


Nous avons les frissons de Zola qui les sème,
Celui de Maupassant, celui de Paul Bourget ;
Je passe Rollinat, lui, c’est le frisson même ;
Il ne nous manque plus que le frisson d’Ohnet.