Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/201

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l’air d’un gaillard à ne pas vous priver des bons morceaux… Êtes-vous marié ?

MICHEL

Oh ! je comprends bien ce que vous voulez me dire. Vous me demandez si je suis porté sur les femmes. Je m’en moque comme de l’an quarante, des femmes. J’aime mieux la bouteille 1

LE BARON

Prenez garde. La bouteille est quelquefois une maîtresse pire que les autres.

MICHEL

Ne dites pas de mal du vin, je vous le défends. Le vin ! quand je travaille, il m’ouvre la vue, quand je m’explique, il me dégage la langue. De la Roseraye parait à la porte de gauche ; il aperçoit les deux hommes et se dissimule derrière le bureau dans lequel il cherche des papiers ; Michel continue. En ce moment, on ne s’en douterait pas, j’ai une petite pointe. Si je n’avais pas bu un verre de vin avant de monter ici, j’attendrais encore dans l’antichambre ou je serais déjà rentré chez moi. Maintenant, me voilà, et il faudra bien qu’on m’écoute.

LE BARON

Vous faites des affaires avec M. de la Roseraye ?

MICHEL

Oui. Et vous ?

LE BARON

Nous nous sommes associés quelque temps, lorsque j’avais encore ma fortune.

MICHEL