Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/242

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sque nous nous cacherons nos blessures pour cicatriser les tiennes 1 Mais non, non, le passé est bien mort, n’est-ce pas ; je retrouve le mari digne et honorable que je n’ai pas cessé d’aimer. Tu as pu croire un moment aux. complaisances de tes compagnons de table et de folie ; mais tu sais bien que l’affection véritable, le désintéressement, les tendresses profondes habitent dans des cœurs plus nobles, dans des âmes plus pures et tu me reviens. C’est la notre gloire à nous et notre consolation. Pause. J’ai tout dit sur ce chapitre et je ne t’en reparlerai jamais. Dès ce jour, sans délai, sans hésitation, tu entreprends la liquidation complète de tes affaires en même temps que nous te chercherons une position paisible et régulière qui convienne à ton âge et à ton mérite. Nous allons quitter cet appartement où j’ai tant souffert, congédier les domestiques, réduire au plus bas mot nos dépenses. Tu regretteras d’abord les habitudes anciennes, et Hélène aussi, mais ce changement d’existence fera sur ta fille une impression salutaire. En te voyant plus régulier, plus calme, plus heureux, elle comprendra que le bonheur n’exige pas tant de choses et moi je serai soulagée des peines secrètes que me causent son amour du luxe et les extravagances de sa cervelle.

DE LA ROSERAYE

Que veux-tu dire ? Hélène a été élevée richement sans doute, elle a pris des habitudes élégantes et dispendieuses, mais qu’une jeune fille perd sans danger lorsqu’elle a de bons instincts et l’esprit