Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/251

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allez partir en Touraine, bien ; vous vous trouverez chez les gens que je viens de vous dire, qui auront pour vous toute la considération que méritent vos vertus et vos malheurs, très-bien ; mais celte position inférieure, cette existence nécessairement sérieuse, triste même, qui peut convenir à votre âge et assure, il est vrai, votre tranquillité personnelle, mademoiselle Hélène l’accepte-t-elle sans répugnance et sans regrets ? Elle est jeune, c’est-à-dire enjouée, rieuse, un peu frivole ; enfin elle a l’avenir devant elle. À sa place, je l’avoue, je préférerais me créer une situation indépendante, dans un pensionnat par exemple, et rester à Paris, ce centre si commode, si libéral, unique au monde, où l’argent, quoi qu’on dise, ne tient pas toujours la première place. Avant peu, mademoiselle Hélène rencontrerait un brave et honnête garçon, un commis ou un artiste, que sais-je, qui s’estimerait très-heureux d’épouser une bonne petite fille, sans dot il est vrai, mais aimable et bien élevée.

MADAME DE LA ROSERAYE

Je pense entièrement comme vous, monsieur le baron, et ma fille pourrait vous dire que ces sages conseils lui ont été donnés déjà, sans réussir auprès d’elle. Hélène n’est pas tout. à fait l’enfant que vous supposez. Dans les premiers mois qui ont suivi la mort de son père, elle a montré une douleur et un recueillement au-dessus de son âge. Nous avions pris un t appartement fort modeste où les journées devaient lui sembler bien pénibles et