Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 1.djvu/268

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sur tous ses semblables le fiel de ses outrages ? Qu’il nous montre les exemples de devoir et de sacrifice qu’il a donnés ! Dans quel monde de justes et de femmes saintes a-t-il donc vécu, qu’il est sans pitié pour les faiblesses de la passion et les entraînements de la vie ? Mon père valait mieux que vous, il est mort en homme de cœur, au milieu des siens qui l’ont pleuré. Vous, vous vivez seul, vous mourrez seul. Allez chercher vos paysannes, elles vous casseront leurs sabots sur le visage, quand vous approcherez d’elles. Indigne tentateur, le plus

corrompu des hommes, traître, sauvage, écoutez ce que je vais vous dire : avant peu, vous serez aussi las de vous-même que des autres, et vous mépriserez votre propre personne. Rongé de dégoûts et d’amertumes, abandonné, haï, vous regretterez alors cette femme que vous aurez méconnue et qui se sera purifiée dans la retraite et dans l’austérité de son misérable amour. Vous aurez été la tache de sa vie, elle sera le remords de la vôtre.

(Pause. Un bruit confus se fait entendre auquel LE BARON le premier prête attention. On distingue bientôt les cris de vive Pauper ! vive Pauper ! Des ouvriers envahissent le fond, de la scène. Entrent Michel et madame de la Roseraye.)