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MADAME DE LA ROSERAYE

Non ?

LE BARON

Comment non ! Je suis certain cependant qu’elle vous a écrit plusieurs fois. ? Quelqu’un aurait-il détourné ces lettres ?

MADAME DE LA ROSERAYE

Ne cherchez pas, je les ai reçues. Ma fille s’est trompée si elle a cru que ma tendresse pour elle était inépuisable et qu’elle pourrait laver le passé avec quelques larmes. Son repentir ne me touche pas. Elle souffre, c’est justice. Je suis insensible à ses douleurs. Il est inutile qu’elle m’écrive, il est inutile qu’on me parle d’elle, je ne la reverrai jamais.

LE BARON

Je blâmerais tout à fait une résolution de ce genre qui ne serait ni généreuse ni sage:voudriez-vous laisser votre enfant exposée à des épreuves, pires que des tentations. Votre devoir, au contraire, est de la protéger davantage, en regrettant de ne l’avoir pas connue plus tôt.

MADAME DE LA ROSERAYE

Je savais que ma fille avait la tête vive, des idées singulières, une exaltation malheureuse, mais qu’elle fût sans principe et sans moralité, cela je ne le savais pas, et pour m’accuser d’imprévo