Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/132

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M. Teissier. Prends garde, je te le répète. M. Teissier est là, chez ma mère ; je viens de le réconcilier avec elle. BLANCHE Ils s’étaient donc fâchés ? MARIE Oui, ils s’étaient fâchés. Maman, dans un mouvement d’impatience, l’avait congédié de chez elle.

BLANCHE Maman avait bien fait. MARIE Maman avait eu tort et elle l’a compris tout de suite. Notre situation est assez grave sans que nous la compromettions encore par des vivacités et des imprudences. Il y va, penses-y bien, Blanche, de notre existence à toutes, de l’avenir de tes sœurs, du tien autant que du nôtre. Si certaine que tu sois de M. de Saint-Genis, un homme y regarde à deux fois avant d’épouser une jeune fille qui n’a rien. Tu es la plus charmante petite femme de la terre, toute de cœur et de sentiment ; l’argent n’existe pas pour toi. Mais l’argent, vois-tu, existe pour les autres. On le retrouve partout. Dans les affaires, et nous sommes en affaires avec M. Teissier. Dans les mariages aussi, tu l’apprendras peut-être à tes dépens. Il faut bien que l’argent ait son