Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/138

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BOURDON Cinquante mille francs ! Teissier va peut-être un peu vite. Vous le connaissez. Ce n’est pas un méchant homme, mais il est brutal sur la question argent. J’espère et je ferai tout mon possible, soyez-en bien sûre, madame, pour qu’il vous revienne quelque chose de plus. Madame Vigneron fond en larmes et va tomber sur le canapé ; il la rejoint. Vous espériez donc, madame, que la succession de M. Vigneron serait considérable ? À combien l’estimiez-vous ? MADAME VIGNERON Je ne sais pas, monsieur. BOURDON Cependant vous avez dû vous rendre compte de ce que laissait M. Vigneron. Quand on perd son mari, c’est la première chose dont on s’occupe. (Il la quitte.) Teissier n’en est pas moins très blâmable, et je ne me gênerai pas pour le lui dire, de vous avoir jeté un chiffre en l’air. Les affaires ne se font pas ainsi. On procède à une liquidation par le commencement, par les choses les plus urgentes ; on avance pas à pas ; quand on est arrivé au bout, il reste ce qu’il reste. Revenant à Mme Vigneron. Avez-vous décidé quelque chose, madame, pour vos terrains ? Vous vous trouvez là en face d’une nécessité manifeste, il faut les vendre. MARIE Quelle somme pensez-vous que nous en tirions ?