Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/164

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TEISSIER, revenant à elle. Elles sont bien, vos sœurs, l’aînée surtout, qui a des avantages. C’est vous pourtant que je préfère. Je n’ai pas toujours été vieux. Je sais distinguer encore la brune d’avec la blonde. Vous me plaisez beaucoup, vous entendez. MARIE Tournez-vous un peu du côté de ma mère. TEISSIER Dites-moi, madame, pourquoi M. Gaston, qui fait si bien les lettres de change, n’a-t-il pas déjeuné avec nous ? MADAME VIGNERON, avec émotion. Mon fils s’est engagé. TEISSIER Il est soldat. C’est bien le meilleur parti qu’il pouvait prendre. Un soldat est logé, nourri, chauffé aux frais du gouvernement. Qu’est-ce qu’il risque ? De se faire tuer. Alors il n’a plus besoin de rien. MADAME VIGNERON Mon fils a fait ce qu’il a voulu, il regrettera plus tard la décision qu’il a prise. Je me serais entendue avec vous, monsieur Teissier, pour le placer dans la fabrique, et si cette fabrique, comme je le crois, ne sort pas de vos mains et des nôtres, Gaston, dans quelques années, aurait succédé à son père. Un temps. TEISSIER