Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/185

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BOURDON L’idée venait de vous. Vous m’avez dit, en descendant, sous la porte cochère : Rentrer chez soi, en, cravate blanche et l’estomac vide, je n’aime pas beaucoup ça. Je vous ai répondu : Allons dîner, nous ferons quelque chose le soir. Eh bien ! nous n’avons mangé que du bout des lèvres et nous ne demandions qu’à aller nous coucher. Voyez-vous, on est toujours plus sensible qu’on ne croit à la mort des autres, et surtout à une mort violente ; on pense malgré soi qu’un accident pareil peut vous arriver le lendemain, et l’on n’a pas envie de rire. MERKENS Vous attendez Mme Vigneron ? BOURDON Oui, je ne devrais pas l’attendre. Mais Mme Vigneron n’est pas une cliente ordinaire pour moi, je la gâte. Vous ne donnez plus de leçons ici, je suppose ? MERKENS Mlle Judith les a interrompues depuis la mort de son père. BOURDON Si vous m’en croyez, vous ne compterez plus sur cette élève et vous vous pourvoirez ailleurs. MERKENS Pourquoi ?