Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/204

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TEISSIER J’ai cessé de voir mes parents pour me mettre à l’abri de leurs demandes d’argent ; ils meurent de faim. — Je tiendrais beaucoup à m’attacher une petite personne, simple, douce et sûre, qui se tiendrait décemment dans ma maison et qui ne la mettrait pas au pillage. Je verrais peut-être plus tard si je ne dois pas l’épouser. Mais vous êtes toutes des agneaux avant le mariage et l’on ne sait pas ce que vous devenez après. Je réglerais ma conduite sur la sienne ; elle ne serait pas bien malheureuse de mon vivant et elle n’aurait pas à se plaindre quand je serais mort ; mariée ou pas mariée, ce serait la même chose pour elle. MARIE Levez-vous, monsieur Teissier, et allez-vous-en. Je ne veux pas me sentir près de vous une minute de plus. Je crois que vous êtes malheureux et je vous plains. Je crois que votre proposition était honnête et acceptable et je vous en remercie. Elle pourrait cependant cacher une arrière-pensée, une arrière-pensée si odieuse que le cœur me manque seulement de la soupçonner. Allez-vous-en. TEISSIER, debout, embarrassé, balbutiant. Voyons un peu ce que vous aviez à me dire. MARIE Rien, rien, rien ! Je serais honteuse maintenant de vous parler de ma famille ; je le serais pour elle