Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ressentez quelque chose pour lui ; une émotion, vive et légère, comme les jeunes filles en éprouvent souvent à la vue d’un joli garçon. BLANCHE Ah ! madame, comme vous rabaissez un sentiment beaucoup plus sérieux. MADAME DE SAINT-GENIS Soit, je me trompe. C’est très joli, l’amour, très vague et très poétique, mais une passion, si grande qu’elle soit, ne dure jamais bien longtemps et ne conduit pas à grand’chose. Je sais ce que je dis. On ne paye pas, avec cette monnaie-là, son propriétaire et son boulanger. Je suis sans fortune, vous le savez ; mon fils n’a exactement que sa place ; des circonstances que je déplore ont compromis la situation de votre famille et peut-être la réduiront à rien. Dans ces conditions, je vous le demande, mon enfant, serait-il bien habile de consommer un mariage qui ne présente plus aucune garantie ? BLANCHE, vivement. Ce mariage doit se faire, madame, et il se fera. MADAME DE SAINT-GENIS, avec douceur. Il se fera, si je le veux bien. BLANCHE Vous consentirez, madame.