Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/217

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j’aurais eue. L’amour passe, le ménage reste. Savez-vous ce que serait le vôtre ? Mesquin, besogneux, vulgaire, avec des enfants qu’il faudrait nourrir vous-même et un mari mécontent qui vous reprocherait à toute minute le sacrifice que vous auriez exigé de lui. Faites ce que je vous demande. Sacrifiez-vous plutôt vous-même. Comme les choses changent aussitôt. Georges ne vous abandonne plus, c’est vous qui le dégagez généreusement. Il devient votre obligé et vous donne dans son cœur une place mystérieuse que vous conserverez éternellement. Les hommes restent toujours sensibles au souvenir d’une femme qui les a aimés, ne-fût-ce qu’une heure, avec désintéressement, c’est si rare ! Que deviendrez-vous ? Je vais vous le dire. L’image de mon fils qui remplit en ce moment toutes vos pensées s’effacera peu à peu, plus vite que vous ne le croyez. Vous êtes jeune, charmante, pleine de séductions. Dix, vingt partis se présenteront pour vous. Vous choisirez non pas le plus brillant mais le plus solide, et ce jour-là vous penserez à moi en vous disant : Mme de Saint-Genis avait raison. BLANCHE Qui êtes-vous donc, madame, pour me donner de pareils conseils ? Que dirait votre fils, s’il les connaissait ? J’aimerais mieux être sa maîtresse que la femme d’un autre.

MADAME DE SAINT-GENIS Sa maîtresse ! Voilà un joli mot dans votre