Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/227

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JUDITH Il est trop tard maintenant. Asseyons-nous. Vous vous souvenez, monsieur Merkens, et vous avez été témoin de notre vie de famille. Nous étions très heureux, nous nous aimions beaucoup, nous n’avions pas de relations et nous n’en voulions pas. Nous ne pensions pas qu’un jour nous aurions besoin de tout le monde que nous ne connaîtrions personne. (Merkens a tiré sa montre.) Vous êtes pressé ? MERKENS Très pressé. Ne faisons pas de phrases, n’est-ce pas ? Vous avez désiré me voir, me voici. Vous voulez me demander quelque chose, qu’est-ce que c’est ? Il vaut peut-être mieux que je vous le dise, je ne suis pas très obligeant. JUDITH Dois-je continuer ? MERKENS Mais oui, certainement, continuez.

JUDITH Voici ce dont il s’agit d’abord, je vais tout de suite au plus simple et au plus sûr. Je me propose de mettre à profit les excellentes leçons que j’ai reçues de vous et d’en donner à mon tour. MERKENS, lui touchant le genou. Comment, malheureuse enfant, vous en êtes là !