Page:Becque - Théâtre complet, 1890, tome 2.djvu/229

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vais vous dire, monsieur Merkens, ne voyez de ma part ni vanité ni présomption, mais le désir seulement d’utiliser mon faible talent de musicienne. J’ai composé beaucoup, vous le savez. Est-ce que je ne pourrais pas, avec tant de morceaux que j’ai écrits et d’autres que je produirais encore, assurer à tous les miens une petite aisance ? MERKENS, après avoir ri. Regardez-moi. (Il rit de nouveau.) Ne répétez jamais, jamais, vous entendez, ce que vous venez de me dire ; on se moquerait de vous dans les cinq parties du monde. (Il rit encore.) Une petite aisance ! Est-ce tout ? JUDITH Non, ce n’est pas tout. Nous avions parlé autrement d’une profession qui ne me plaisait guère et qui aujourd’hui encore ne me sourit que très médiocrement. Mais dans la situation où se trouve ma famille, je ne dois reculer devant rien pour la sortir d’embarras. Le théâtre ? MERKENS Trop tard ! JUDITH Pourquoi ne ferais-je pas comme tant d’autres qui n’étaient pas bien résolues d’abord et qui ont pris leur courage à deux mains ? MERKENS Trop tard !