Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/113

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souffrir de grands maux et endurer les grands chauds et les grands froids, et on doit perdre du sang et de la chair. Frappe de ta lance, et moi de Durendal, ma bonne épée, que me donna le roi. Si je meurs, qui l’aura pourra dire : « Ce fut l’épée d’un noble vassal. »

LXXXIX

D’autre part voici l’archevêque Turpin. Il éperonne et monte sur un tertre dénudé. Il appelle les Français et les sermonne : « Seigneurs barons, Charles nous a laissés ici : pour notre roi nous devons bien mourir. Aidez à soutenir la chrétienté ! Vous aurez une bataille, vous en êtes bien sûrs, car de vos yeux vous voyez les Sarrasins. Battez votre coulpe, demandez à Dieu merci ; je vous absoudrai pour guérir vos âmes. Si vous mourez, vous serez de saints martyrs, vous aurez des sièges au plus haut paradis. » Les Français descendent de cheval, se prosternent contre terre, et l’archevêque, au nom de Dieu, les a bénis. Pour pénitence il leur ordonne de frapper.

XC

Les Français se redressent et se mettent sur pieds. Ils sont bien absous, quittes de leurs péchés, et l’archevêque, au nom de Dieu, les a