Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/131

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jusqu’à ses pieds. Parmi les autres qui gisent sans nombre, il l’abat mort. Puis il a tué Turgis et Esturgoz. Mais le tronçon éclate et se fend jusqu’à ses poings. Roland lui dit : « Compagnon, que faites-vous ? En une telle bataille je n’ai cure d’un bâton. Il n’y a que le fer qui vaille, et l’acier. Où donc est votre épée, qui a nom Hauteclaire ? La garde en est d’or, le pommeau de cristal. — Je n’ai pu la tirer, » lui répond Olivier, « j’avais tant de besogne ! »

CVII

Mon seigneur Olivier a tiré sa bonne épée, celle qu’a tant réclamée son compagnon Roland, et il lui montre, en vrai chevalier, comme il s’en sert. Il frappe un païen, Justin de Val Ferrée. Il lui fend par le milieu toute la tête et tranche le corps et la brogne safrée, et la bonne selle dont les gemmes sont serties d’or, et à son cheval il a fendu l’échine. Il abat le tout devant lui sur le pré. Roland dit : « […] Si l’empereur nous aime, c’est pour de tels coups ! » De toutes parts « Montjoie ! » retentit.

CVIII

Le comte Gerin monte le cheval Sorel, et son compagnon Gerier, Passecerf. Ils lâchent les rênes, donnent tous deux de l’éperon et vont