Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/143

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assis près des Innocents. » À ces paroles les Francs sont remplis de tant de réconfort qu’il n’en est pas un qui ne crie « Montjoie ! »

CXVI

Un Sarrasin était là, de Saragosse — une moitié de la cité est à lui, — Climborin, qui point n’est prudhomme. C’est lui qui, ayant reçu le serment du comte Ganelon, par amitié l’avait baisé sur la bouche et lui avait donné son heaume et son escarboucle. Il honnira, dit-il, la Terre des Aïeux ; à l’empereur il enlèvera sa couronne. Il monte le cheval qu’il appelle Barbamousche, lequel est plus rapide qu’épervier ou hirondelle. Il l’éperonne bien, lui abandonne le frein et va frapper Engelier de Gascogne. Ni l’écu ni la brogne ne le peuvent garantir. Le païen lui plonge au corps la pointe de son épieu ; il appuie, tout le fer traverse d’outre en outre ; à pleine hampe, dans le champ, il l’abat à la renverse, puis s’écrie : « Cette engeance est bonne à détruire ! Frappez, païens, pour rompre la presse ! » Les Français disent : « Dieu ! quel preux nous perdons ! »

CXVII

Le comte Roland appelle Olivier : « Seigneur compagnon, voilà Engelier mort, nous n’avions pas un chevalier plus vaillant. » Le comte répond : « Que Dieu me donne de le venger ! » Il broche