Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/273

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Apollin. Dix Chananéens chevauchent à l’entour ; ils vont sermonnant à voix très haute : « Celui qui par nos dieux veut être sauvé, qu’il les prie et les serve en toute humilité ! » Les païens baissent la tête, leurs heaumes brillants se penchent contre terre. Les Français disent : « Bientôt, truands, vous mourrez ! Puisse ce jour vous confondre ! Vous, notre Dieu, défendez Charles ! Que cette bataille soit gagnée (?) en son nom ! »

CCXXXVI

L’ÉMIR est un chef très sage. Il appelle à lui son fils et les deux rois : « Seigneurs barons, vous chevaucherez devant. Mes corps de bataille, vous les guiderez tous ; mais j’en veux retenir trois, des meilleurs : le premier de Turcs, le second d’Ormaleis, et le troisième des géants de Malprose. Avec moi seront ceux d’Occiant : c’est eux qui combattront Charles et les Français. Si l’empereur joute contre moi, sur ses épaules je prendrai sa tête. Il ne lui sera fait, qu’il le sache bien ! nul autre droit. »

CCXXXVII

GRANDES sont les armées, beaux les corps de bataille. Entre païens et Français, il n’y a ni mont, ni val, ni tertre, ni forêt, ni bois qui puisse cacher une troupe : ils se voient à plein par la terre