Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/55

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tenez pour votre seigneur. » Il entre en sa route et s’achemine.

XXVIII

Ganelon chevauche sous de hauts oliviers. Il a rejoint les messagers sarrasins et Blancandrin, qui s’attarde avec lui. Tous deux conversent par grande ruse. Blancandrin dit : « C’est un homme merveilleux que Charles ! Il a conquis la Pouille et toute la Calabre ; il a passé la mer salée et gagné à saint Pierre le tribut de l’Angleterre : que vient-il encore chercher ici, dans notre pays ? » Ganelon répond : « Tel est son plaisir. Jamais homme ne le vaudra. »

XXIX

Blancandrin dit : « Les Francs sont gens très nobles. Mais ils font grand mal à leur seigneur, ces ducs et ces comtes qui le conseillent comme ils font : ils l’épuisent et le perdent, lui et d’autres avec lui. » Ganelon répond : « Ce n’est vrai, que je sache, de personne, sinon de Roland, lequel, un jour, en pâtira. L’autre matin, l’empereur était assis à l’ombre. Survint son neveu, la brogne endossée, qui des abords de Carcasoine ramenait du butin. À la main il tenait une pomme vermeille : « Prenez, beau sire, dit-il à son oncle : de tous les rois je vous donne en présent les couronnes. »