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de ceux de France. L’arrière-garde des douze compagnons ne laissera pas d’accepter la bataille.

LXIX

Le neveu de Marsile, sur un mulet qu’il touche d’un bâton, s’est avancé. Il dit à son oncle, en riant bellement : « Beau sire roi, je vous ai si longuement servi ; j’ai reçu pour tout salaire des peines et des tourments ! Tant de batailles livrées et gagnées ! Donnez-moi un fief : le don de frapper contre Roland le premier coup ! Je le tuerai de mon épieu tranchant. Si Mahomet me veut prendre en sa garde, j’affranchirai toutes les contrées de l’Espagne, depuis les ports d’Espagne jusqu’à Durestant. Charles sera las, les Français se rendront ; vous n’aurez plus de guerre de toute votre vie. » Le roi Marsile lui en donne le gant.

LXX

Le neveu de Marsile tient le gant dans son poing. Il dit à son oncle une parole fière : « Beau sire roi, vous m’avez fait un grand don. Or, choisissez-moi douze de vos barons ; avec eux je combattrai les douze pairs. » Tout le premier, Falsaron répond, qui était frère du roi Marsile : « Beau sire neveu, nous irons, vous et moi ; certes,