Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/357

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la porte. Elle semblait avoir quelque chose sur le cœur, et attendre l’occasion de parler.

« Savez-vous, dit-elle enfin, que Chloé a reçu une lettre de Tom ?

— Ah ! vraiment ! alors Tom a trouvé là-bas quelque ami. Comment va-t-il, le pauvre diable ?

— Il a été acheté par une famille que je crois très-distinguée, dit madame Shelby ; il est bien traité, et n’a pas beaucoup à faire.

— Ah ! tant mieux ! j’en suis enchanté ! reprit cordialement M. Shelby. Je suppose qu’il est tout à fait réconcilié avec sa résidence du Sud, — et ne s’inquiète plus guère de revenir ici ?

— Au contraire, il demande avec beaucoup d’anxiété si l’argent de son rachat sera bientôt prêt.

— Ma foi, je n’en sais rien. Quand les affaires tournent mal, il n’y a pas de raison pour en finir. C’est comme si l’on sautait de tourbière en tourbière, à travers un marécage. Il faut emprunter l’un pour payer l’autre, puis réemprunter à l’autre pour payer l’un ; — et ces damnés billets pleuvent dru comme grêle, avant qu’un homme ait le temps de fumer un cigare ou de se retourner : lettres de créanciers, messages pressants et pressés, — tout vous tombe à la fois sur le dos.

— Il me semble, mon ami, que l’on pourrait y remédier. Supposons que nous vendions tous nos chevaux et une de nos fermes ; nous pourrions alors payer comptant.

— Oh ! c’est absurde, Émilie ! vous êtes la femme la plus accomplie du Kentucky ; mais vous n’avez pas le sens commun en affaires. Les femmes ne s’y entendent pas, et ne s’y entendront jamais.

— Ne pourriez-vous, du moins, me donner un aperçu des vôtres ? — la liste de ce que vous devez, par exemple, et de ce qu’on vous doit, et je tâcherais de voir si je puis vous aider à économiser.

— Oh ! de grâce, ne me persécutez pas, Émilie ! — je