Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’affaire, pas manchots du tout ! et Sally prendra soin de la petite — elle est si avancée, la mignonne ! y a presque plus besoin de la suivre.

— Louisville est bien loin.

— Las, Seigneur ! moi pas m’effaroucher ! c’est du côté de basse rivière ; quelque part près de mon pauvre homme, peut-êt’, dit Chloé avec un accent interrogatif, en regardant madame Shelby.

— Non, Chloé ; c’est à plusieurs centaines de milles. »

La figure de Chloé s’allongea.

« N’importe ! en allant à Louisville tu te rapprocheras de lui. Oui, tu peux partir, et tous tes gages, jusqu’au dernier sou, seront mis de côté pour le rachat de ton mari. »

Parfois un brillant rayon de soleil change en argent un nuage sombre, ainsi la noire face de Chloé s’illumina tout à coup et devint resplendissante.

« Seigneur ! maîtresse toujours si bonne, trop bonne ! moi, avoir ruminé la chose depuis longtemps : n’avoir plus besoin d’user robe, souliers, ni plus rien. Mettre tout de côté, tous les sous. Combien qu’il y a de semaines dans un an, maîtresse ?

— Cinquante-deux.

— Tant que ça ! et quatre dollars pour chaque semaine, qu’est que ça peut faire ?

— Deux cent huit dollars, répondit madame Shelby.

— Ah ! oh ! dit Chloé d’un air étonné et ravi. Et combien de temps qu’il faudra travailler, maîtresse, pour avoir tout l’argent ?

— Quatre ou cinq ans, Chloé ; mais tu n’auras pas à gagner tout ; j’y ajouterai quelque chose.

— Oh ! je peux pas souffrir l’idée que maîtresse donne des leçons, ni rien. Maître a grand’raison de pas vouloir ! Ça peut pas aller. Personne de la famille en venir jamais là, j’espère, tant que pauv’e Chloé a des bras.

— Sois tranquille, Chloé, je veillerai à l’honneur de