Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/364

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pas sur les embellissements et additions qui devaient signaler le retour de l’oncle Tom.

Le reste de l’épître contenait : la liste des études de Georgie ; chaque article orné en tête d’une superbe majuscule ; plus le nom de quatre poulains, nés depuis le départ de Tom ; et, d’une même haleine, Georgie annonçait que papa et maman se portaient bien. Cette lettre, d’un style naïf et concis, paraissait à l’oncle Tom la plus rare pièce d’éloquence des temps modernes. Il ne se pouvait lasser de la lire et relire, et il eut, avec Éva, une grande consultation pour savoir s’il ne la ferait pas encadrer, afin de la suspendre dans sa chambre. La difficulté d’exposer à la fois les deux côtés de la page put seule annuler ce projet.

L’amitié de Tom et d’Éva croissant avec l’âge de celle-ci, il serait difficile de dire quelle place l’aimable enfant occupait dans ce cœur tendre et dévoué. Tom l’aimait comme quelque chose de terrestre et de frêle, et rendait en même temps une sorte de culte à cette nature toute céleste. Le matelot italien ne contemple pas l’enfant Jésus avec plus de vénération et de tendresse. Son bonheur était d’aller au-devant des innocentes fantaisies, de prévenir les mille désirs, arc-en-ciel changeant et coloré de l’enfance. Le matin, au marché, ses yeux parcouraient les étalages de fleurs, cherchant pour Éva les plus rares. La pêche la plus veloutée, l’orange la plus dorée, étaient glissées dans sa poche pour être au retour offertes à la petite fille qui le guettait de la porte. Les délices de Tom, c’était de voir cette figure radieuse, c’était d’entendre l’enfantine question : « Oncle Tom, que m’apportez-vous aujourd’hui ? »

Pour reconnaître ces attentions affectueuses, Éva n’était point en reste. Quoique enfant, elle lisait admirablement bien ; — son oreille musicale, son tour d’esprit poétique et vif, sa native sympathie pour le noble et le beau, lui donnaient, surtout lorsqu’elle lisait la Bible, des