Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/536

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C’était — c’était passer de la mort à la gloire,
Et du funèbre glas à des chants de victoire ;
C’était du noir péché, l’empire anéanti,
Et des luttes du mal, l’esprit libre sorti ;
La chaîne de la mort et de l’enfer brisée,
Le mortel revêtu de l’immortalité,
Et la miséricorde, au seuil de l’Élysée,
Criant : Soyez heureux durant l’Éternité !

Madame Smith les conduisit à la demeure hospitalière d’un bon missionnaire, que la charité chrétienne a placé là, comme le pasteur des brebis errantes qui viennent sans cesse chercher un asile sur ce rivage.

Qui pourrait dire la plénitude de joie de ce premier jour de liberté ? Ce sens de la liberté n’est-il pas plus précieux, plus noble, qu’aucun des cinq autres ? Agir, parler, respirer, sortir, rentrer, sans un œil qui vous épie, affranchi de tout danger ! Qui pourrait narrer le bien-être de ce repos descendu enfin sur la couche de l’homme libre, protégé par des lois qui lui assurent les droits que Dieu a donnés à tout homme ? Combien le visage de ce cher enfant endormi apparaissait à sa mère plus beau à travers le souvenir des mille dangers qu’il avait courus ! Quelle impossibilité de dormir en pleine possession de tant de bonheur ! Et cependant ces deux réfugiés n’avaient pas un pouce de terre, pas un toit où s’abriter ! ils avaient dépensé jusqu’à leur dernier dollar ; il ne leur restait plus rien que les oiseaux de l’air et les fleurs des champs, — et, dans l’excès de leur joie, ils ne pouvaient dormir.

Ô vous qui enlevez la liberté à l’homme, quelles paroles trouverez-vous pour vous justifier devant Dieu ! »