Page:Beecher Stowe - La Case de l’oncle Tom, Sw Belloc, 1878.djvu/567

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« Oh ! Emmeline, dit Cassy, j’ai faim, j’ai soif de mes enfants ! Mes yeux s’usent à les chercher dans le vague.

Là, s’écriait-elle se frappant le sein, là tout est désolé ! tout est vide ! Ah ! si Dieu me rendait mes enfants, alors je pourrais prier !

— Confiez-vous à lui, Cassy, dit Emmeline ; il est notre Père !

— Sa colère s’est allumée contre nous, repartit-elle. Il a détourné de nous son visage.

— Non, Cassy, non ; espérons en lui. Oh ! moi, j’espère, j’espère toujours ! »

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

La chasse fut longue, tumultueuse, complète, mais à pure perte, et Cassy abaissa un regard d’ironique triomphe sur Legris, lorsque, déconfit, harassé, il descendit de cheval devant la maison.

« À présent, Quimbo, dit-il, lorsqu’il se fut étendu au salon, va-t-en me chercher ce vieux drôle ; fais-le monter ici, et au plus vite. Ce satané Tom est au fond de tout ceci, et je lui ferai sortir cette trame du corps à travers sa vieille peau noire. S’il se tait, ah ! il dira pourquoi ! »

Sambo et Quimbo, tout en se haïssant à la mort l’un l’autre, se réunissaient pour détester Tom non moins cordialement. Dès l’origine ils avaient su que Legris n’achetait ce nègre que pour en faire leur surveillant durant ses absences. L’aversion qu’ils conçurent en conséquence contre lui, s’accrut chez ces hommes bas et serviles à mesure que celui qui en était l’objet encourait le déplaisir du maître. Ce fut donc fort joyeusement que Quimbo s’acquitta de sa commission.

Tom reçut le message d’un cœur ferme et prévoyant ; car il était au fait du plan d’évasion, du lieu de refuge. Il n’ignorait, ni l’implacable et terrible nature de l’homme auquel il avait à faire, ni son despotique pouvoir ; mais, fort de l’aide de Dieu, il était prêt à braver la mort plutôt que de trahir en rien les pauvres fugitives.