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OBSERVATION

sous le grand portail, et le congédia par ces paroles :

« Allez en paix, mes frères et mes concitoyens ; allez maintenir par des loix sages la prospérité de cet empire ; et, tandis que le peuple bénira vos travaux, nous prierons l’Éternel de nous donner toujours des législateurs qui sachent le connaître et l’implorer. »

Le président lui répondit :

« Vénérable vieillard, qui as blanchi dans l’exercice des vertus les plus pures et des fonctions les plus saintes, ton existence est précieuse à la patrie, par l’exemple et les consolations que tu lui donnes ! ne crains pas que les Législateurs oublient jamais ce qu’ils doivent à Dieu ; ils sont trop pénétrés du bonheur du peuple, pour violer le premier de tous leurs devoirs ; ils savent que la sainte humanité est la base des fonctions législatives, et que la religion, mieux que toute la philosophie moderne des peuples exaltés, rend les cœurs sensibles et bons[1]. Nous protégerons les mi-

  1. Où es-tu, Voltaire ? toi qu’on cite dans nos tribunes comme le partisan du nouveau système, toi qui as dit cependant que, si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer ; toi qui, en parlant de la fausse philosophie, qui ni hautement l’existence d’un Dieu, disais :

    « M’apprendront-ils jamais par quels subtils ressorts
    « L’éternel artisan fait végéter les corps ? »

    Toi qui semblais être prophète, en adressant à mos sophistes ces paroles remarquables :