Page:Belleau - Œuvres complètes, t. 2, éd. Gouverneur, 1867.djvu/238

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II. IOVRNEE

retirant fous la fraifcheur de l’ombre d’vn Plantain (’) large & branchu, diicourant de l’Amour, nous tombons en propos de la guarilbn de cefte violente & incurable palTion, Içauoir s’il y a pratique de remèdes pour s’en tirer. L’vn difoit que le temps ayant fait la playe, & entamé la partie plus otfenfee, porte l’emplaftre & l’appareil pour la reioindre, &. pour la guarir : l’autre que l’abfence y peut beaucoup, moyennant vn autre exercice plus violent pour deltourner les apprehéfions défia enforcelees, par la puiûance de l’obiect, qui perpétuellement fe prcfente à nos yeux comme vn fantofme pour nous trauailler : l’autre que le defdain caufé de quelque mauuaife grâce, ou de quelque vaine ou faulïe & imaginée perfuafion, engendre le mefpris, le mefpris la dilTolution de ce nœud, qui parauât faifoit la liaifon de deux efprits eltroittement conioinéls & vnis par le ciment d’Amour : l’autre que le trop de priuauté & de iouillance, ou le trop de cognoill’ance, rendoit vne amitié vulgaire, & en fin commune & vniuerfelle à tous, que le plus prompt & plus fouuerain remède à celte fiéure, eftoit de fe donner au change, defcharger fa colère à toutes brèches & à toutes rencontres, eftant l’vnique purgation pour deftourner celle humeur trop abondante dedans les veines, qui peu à peu gaigne le fort de la raifon, où fcmant la fedition, trouble ce qui eftdcplus tranquille en noifre ame. Puis difcourùmes fur les charmes & forcelleries ordinaires des Anciés, qui fut occafion que ie tiray de mon fein vne petite Eclogue furies remèdes de l’Amour. Il y a trois bergers, lanot, Rcllin, t^ Perot (a).

1. Platane.

. Raif, ]3elleaii, Ronsard.