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XVIII.

Que les peinctres peuvent dõner telle curvité que leur plaist aus Daulphins, sans leur faire rien perdre de la naifue figure du naturel.

QUant est a ce que l’Oye, ou marsouin, ne convienne avec les peinctures qui ont esté faictes anciennement des Daulphĩs, qu’on a gravé es monnoyes antiques : Avant que proceder plus oultre a toucher ce poinct ici, il me fault presupposer qu’on cognoisse bien le poisson dont ie vueil parler, scavoir est le Marsouin qu’on a surnommé Oye : & aussi qu’on sache bien quels sont les portraicts des Daulphins qui sont retirez sur les medalles, & statues, antiques, esquelles les Daulphins sont representez : car les uns y sont courbez, & voultez en arc, & les autres y sont touts droicts : desquels i’ay faict retirer les portraicts, tant des uns que des autres, a fin de monstrer que cela ne provient sinon de l’industrie du peinctre, qui le peult diversifier selõ que bon luy semble, ou qu’il plaist a celui qui les faict retirer : cõme lõ peult veoir par ceste presẽte figure retiree d’une ãtique peĩcture d’une statue cõtrefaicte aupres du naturel, laquelle toute courbee qu’elle estoit, n’avoit rien perdu de la symmetrie de la vraie proportion qui est requise a la grosseur & longueur du Daulphin.

Vray Portraict d’un Daulphin courbé, retiré de l’antique.