Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/3

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A monseigneur mõsieur le Reverendissime Cardinal de Chastillon, liberal Mecenas des hommes studieus,
entiere prosperité.


M ONSEIGNEUR, me trouvant en ce loisir, duquel ie suis a present par vostre benignité iouissant, apres avoir descript en nostre langue, les choses memorables, & les richesses de la terre de plusieurs pays estranges ou i’ay esté, & la fertilité de diverses mers, dont vous avez veu plusieurs pourtraicts, & desquels il vous a pleu me ouir parler : & sachant bien que vous n’avez plus grand plaisir, que d’employer le temps cõvenable, a entendre les choses qui sont extraictes de l’intime cognoissance des histoires naturelles : & que donnez voluntiers quelques heures du iour apres les repas, a deviser & ouir des propos d’erudition qui ne travaillent point l’esprit : Apres que i’ay consideré, que vous estiez souverain admirateur des choses prinses de l’antiquité : & que les Princes de ce temps la, ont estez si curieus de faire retirer les vraies effigies des choses qu’ils avoient proposé faire engraver en leurs medalles, qu’ils n’ont iamais permis qu’on y ait feinct une faulse peincture, ains se sont efforcez de recouvrer les plus excellẽts ouvriers quils pouvoient trouver, & aussi quils n’espargnoient rien a envoier gents exprez en diverses parties du monde, pour chercher les choses dont ils vouloient avoir le portraict contrefaict au vif : Et que i’ay cogneu que les effigies des Daulphins qui sont maintenant gravees en toutes les especes des monnoies modernes, n’ont non plus d’affinité avec le naturel, que de commun avec celles, qu’on voit gravees es statues ou es mõnoies