Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/78

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porte tant aux veines des eynes que aux nerfs & arteres, pour le nourrissement de toutes les parties interieures. Au milieu de ces quatre vaisseauls, il y a un conduict qui se va rendre leans en une membrane nommee des anciens Amnios, laquelle est robuste & claire, mais elle n’est pas du corps de la tunique du chωrion autrement dict la secondine. Car aussi est elle par la partie de dedens, composee de deux pellicules enfermee avec le petit dedens la secondine, esquelles est contenu une liqueur ressemblant a l’eau, sinon qu’elle est un peu plus visqueuse, & y en a quantité selon l’eage du petit : car quand il ha six moys, on y trouve bien une quarte de liqueur. I’eusse pẽsé que ce fust esté son excremẽt de l’urine, n’eust esté que ie me suys trouvé a la fin du moys de septembre & d’octobre en diverses contrees & a plusieurs fois a les observer, auquel temps les Daulphineaux & Marsouineaux estoient encor si petits en leurs vẽtres, qu’a peine pouvoient ils avoir la grosseur d’une noix, & toutesfois ils avoient desia ceste liqueur, auquel temps la secondine ou chωrion estoit bien proportionnee a la grãdeur des petits, car consequẽment elle s’augmente & croist quãt & quant euls. Et ainsi suyvant le temps en portant leurs petits durãt l’hyver, primtemps, & bonne partie de l’esté, les rendent a une parfaicte grandeur : tellement qu’ils les peuvent garder dix mois. Et en cela ie vueil bien conforter le dire d’Aristote. I’ay observé en plusieurs Marsouins & Daulphins ce que i’ay dict, car durant l’hyver leurs petits sõt si petits, qu’ils ne sõt gueres pl gros qu’est un barbeau : & toutesfois ils ont desia grande quantité de liqueur claire dedens l’Amnios : & au primtemps estants fort proches de leur iuste grandeur, ils en ont plus grande quantité : & consequẽment l’esté ensuyvant estants parvenuz a terme, les femelles sõt trouvees delivres, & les petits qu’elles ont mis hors en la mer, incapables de se paistre d’euls mesmes : mourroient de faim, n’estoit que nature pourvoiant a tout ce quelle produit, aiant soing de les nourrir, ha dõné deux mamelles a la mere, dõt les petits bouts sont de chasque costé a un poulce loing de leur membre hõteux, mais ils sont cachez au dedens, & le pertuis qui les cache est comme une fente en la peau estendu en longueur : lesquels les petits tettent comme un autre animal terrestre. Aristote ha dict toutes ces choses en moins de parolles, car il escript qu’ils portẽt dix