Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 1.djvu/181

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était bien meilleur que celui qu’on faisait dans le pays avec des dattes ; il désirait en conséquence en goûter, mais tout en secret. (Heureusement il me restait encore, de la provision faite au Caire, quelques bouteilles que je réservais pour les occasions extraordinaires ; j’envoyai donc mon interprète en chercher une au fond de la cale. Quand le vin fut versé et présenté au cacheff, il regarda fixement l’interprète, et lui dit de boire le premier. L’interprète, qui était copte, et avait été quelques années dans l’armée française, ne se laissa pas beaucoup prier. Sa contenance et son sourire pendant qu’il but, convainquirent bientôt le cacheff de la pureté du breuvage ; aussi ne balança-1-il plus à vider la coupe. Le vin ne lui parut pas d’abord aussi fort qu’il se l’était imaginé ; mais, à force d’en goûter, il le trouva meilleur ; et à la fin il y prit tellement goût, qu’il épuisa presque ma petite provision. En cette occasion comme en plusieurs autres, j’eus à me repentir d’avoir amené un janissaire, qui, au lieu de prendre mon parti, en transigeant avec les indigènes, leur suggérait des idées et des demandes auxquelles ils n’auraient jamais pensé. C’est qu’il faut bien se persuader qu’un musulman ne prendra jamais les intérêts des chrétiens, qu’il